Fighter : un grand film de boxe, des excellents acteurs
Outsider derrière The Social Network et Le Discours d'un Roi lors des grandes soirées de récompenses, Fighter de David O'Russell prouve avec force qu'il est un très bon film.
Micky Ward est un jeune boxeur dont la carrière stagne. Il va rencontrer Charlene, une femme au caractère bien trempé, qui va l'aider à s'affranchir de l'influence négative de sa mère, qui gère maladroitement sa carrière, et de ses sœurs envahissantes. Son demi-frère Dicky Eklund, lui, a connu la gloire sur le ring, il y a bien longtemps. C'était avant qu'il ne sombre dans la drogue, avant son séjour en prison. Entre le sportif en quête d'un second souffle et l'ex-toxico, il y a longtemps que le courant ne passe plus. Trop de non-dits, d'échecs et de souffrances. Pourtant, parfois, les hommes changent, et Micky et Dicky vont peut-être avoir ensemble, la chance de réussir ce qu'ils ont raté chacun de leur côté…
Fresque sportive en même temps qu'une réelle déclaration d'amour fraternel, le Fighter de David O'Russell entre sur le ring pour claquer son uppercut fatal. Rien de nouveau pourtant dans le genre, puisque des grands réalisateurs ont déjà fait l'expérience de la boxe sur grand écran, et toujours avec brio. En effet, évoquons par exemple Million Dollar Baby, de Clint Eastwood, probablement ici le meilleur film de boxe grâce au point de vue différent initié par une grande actrice confirmée, Hilary Swank. La douleur et la beauté, thématiques aussi centrales chez Martin Scorsese avec Robert de Niro dans le rôle principal pourRaging Bull qui raconte l'histoire de Jake LaMotta, avec la particularité de mettre sur un même fil la boxe et la vie privée du champion, comme O'Russell pour Fighter. L'espoir et la rage de vaincre se retrouvent également dans le film de Ron Howard De l'ombre à la lumière, qui évoque le retour sur le ring de Jim Braddock (Russell Crowe) après un passage à vide. Enfin, il existe les films plus commerciaux, que ce soit Rocky de John G. Avildsen avec Sylvester Stallone, triplement oscarisé, ou encore Ali de Michael Mann, avec Will Smith dans le rôle du célèbre boxeur. Dans cette lignée, Fighter s'avère convaincant dans une histoire que l'on connaît déjà tous d'avance et qui reprend une grand majorité des thématiques évoquées précedemment. Pourtant, on se laisse entraîner dans ce combat, à croire que ce genre d'exorcisme visuel nous fait du bien.
Bien que Fighter n'ait pas fait mouche aux Oscars face aux ténors de la cérémonie, le film de David O'Russell n'est pas partie les mains vides. C'est son casting qui sauve l'honneur, comme il reste l'intérêt d'ailleurs principal de ce film. Christian Bale, évidemment, époustouflant à souhait, physiquement impressionnant même s'il ne surprend plus (ceux qui ont vu The Machinist peuvent comprendre). Il empoche l'Oscar du meilleur second rôle masculin, avec une prestation pourtant bien au-dessus d'un Mark Wahlberg qui réalise ici un rôle à l'image de sa carrière. Le beau gosse du cinéma américain balayé par une terrible défaite, traîne ses boulets lors d'un passage à vide avant de reprendre goût à la victoire avec un honneur à laver. L'autre Oscar encore pour un second rôle sera décerné à Melissa Leo, elle qui rafla une belle pluie de récompenses (dont l'Oscar de la meilleure actrice) pour son rôle dans l'indépendant Frozen River, récompensé à Sundance. Elle vole aussi la vedette à une Amy Adams pourtant convaincante et charmante, mais loin d'avoir le punchy de cette mère de famille qui s'accroche à ses fils. Le casting reste à l'évidence la grande force de ce film dont le propos ne propose rien de réellement novateur, si ce n'est cet esprit familial qui règne.
Toutefois, une fiction ne peut remplacer le véritable esprit tel qu'il est pris sur le ring, et même si le film arrive à faire ressentir une certaine force émotionnelle à travers le prisme de ce noble art, le fictionnel ne peut se substituer au documentaire. Forcément moins médiatisé face au gros poids lourd que représenteFighter, le Boxing Gym de Frederick Wiseman se prête au jeu de filmer la boxe au plus proche à l'aide de sa caméra. Sans commentaire et avec la force de l'image, on regarde ces apprentis boxeurs ou non venir exorciser le quotidien pour se sentir vivant, nous montrant une Amérique socialement rongée, celle qu'un film ne peut à 100% décrire avec exactitude.
S'il fallait résumer Fighter, il suffirait probablement de prendre la scène finale. Forte en émotion à tous les niveaux, trépidante et mouvementée, elle parle d'elle-même pour évoquer en un combat tout ce que le film s'évertue à faire pendant 1h45 auparavant. David O'Russell et son gros casting tiennent en haleine le spectateur à travers des sentiments et un esprit qui parlent à tous.
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