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jeudi 21 octobre 2010

UN BON JOUR, ILS VONT EN TUER UN


JEAN-PAUL CHARTRAND
MERCREDI 20 OCTOBRE 2010
Lucian Bute regarde Jesse Brinkley au plancher.  (Photo PC)
Lucian Bute regarde Jesse Brinkley au plancher. (Photo PC)

Jean-Paul Chartrand
Vous avez vu ce qui est arrivé à Jesse Brinkley lors de sa défaite aux mains de Lucian Bute et celle de Shannon Briggs contre Vitali Klitschko? Un vrai carnage, ou presque.

Je ne pense pas que ce soit vraiment cela la boxe. Surtout qu'avant même que les combats ne commencent, on connaissait déjà l'issue des rencontres. Parlez-moi d'un combat où les deux pugilistes sont à peu près d'égale force. L'un comme l'autre peut remporter la victoire. Mais quand on est en présence d'un maître et d'un faire-valoir, je ne marche plus.

Lucian Bute a été le dernier à s'apercevoir du non sens du premier aspirant logique à son titre en affirmant qu'il refuserait de combattre contre Jean Paul Mendy, en dépit de sa fiche parfaite de 29 victoires contre aucun revers et un verdict nul. Il prétend, et avec raison, que Mendy n'a pas d'affaire là comme aspirant numéro un à sa couronne.

Le règlement stipule qu'un champion doit affronter son aspirant logique dans les douze mois qui suivent sa dernière victoire en combat pour le titre. Or, on a vu ce qui est arrivé à son dernier aspirant logique Jesse Brinkley. Il s'est fait fracturer le nez et passé K.-O. à trois reprises lors de leur affrontement au Centre Bell. 

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Plus intelligent que l'arbitre Sam Williams et que ses hommes de coin, Brinkley a finalement décidé de rester au tapis au neuvième engagement, après avoir subi une fracture du nez et trois chutes au tapis.

Le pire dans tout cela, c'est que le champion n'a pas un mot à dire. C'est son aspirant logique, donc il doit l'affronter!
Encore pire

Le cas de Jean Paul Mendy est pire que celui de Brinkley, qui avait mérité le droit d'affronter le Roumain suite à son triomphe sur Curtis Stevens en janvier dernier. 

Mendy, lui, a réussi à se hisser en tête du palmarès des aspirants à la couronne de Bute en se faisant assommer par Sakio Bika, une ex-victime de Bute lors d'un combat pour le titre en juin 2007 à Montréal. Bika avait alors été battu par décision.

Cette fois-ci, Bika a envoyé Mendy au tapis dès le premier round d'un combat justement pour déterminer qui affronterait Bute. Un crochet de gauche à la tempe de Mendy l'a envoyé au tapis dans la deuxième minute du premier engagement. Mais alors qu'il avait encore un genou au tapis, Bika a laissé partir un uppercut qui l'a atteint solidement au menton. 

L'arbitre Joe Cortez n'avait plus le choix. Il devait disqualifier Bika, ce qui permettait du même coup à Mendy de devenir l'aspirant numéro un à la couronne de notre champion. Même Bika, une ex-victime du Roumain, aurait eu peu de chance de vaincre Bute dans un combat pour le titre. Vous pouvez vous imaginer ce qui serait arrivé à Mendy ?
Les Klitschko

Il n'y a pas que les cas des aspirants logiques qui me chicotent. Il y a aussi celui des adversaires de deuxième classe face à des champions. Je veux parler ici de Shannon Briggs, pratiquement tué par le frère de l'autre Vitali Klitschko. D'ailleurs, au moment `où j'écris ces lignes, il repose toujours dans un hôpital de Hambourg, en Allemagne avec une commotion cérébrale.

Voulez-vous bien me dire comment il se fait qu'un boxeur comme Briggs se soit soudainement trouvé dans un match contre le champion du monde? C'est vrai qu'il avait vaincu ses trois derniers adversaires par TKO dès le premier engagement mais qui étaient ces rivaux? Rob Callaway (70-11), Dominique Alexander (19-8) et Rafael Pedro (20-8). 

La raison pourquoi Shannon Briggs s'est mesuré à Vitali Klitschko, c'est que très peu de boxeurs voulaient l'affronter. David Haye est un jaune, Odlanier Solis n'est pas assez expérimenté, Nicolay Valuev est blessé ou malade, Dennis Boytsov veut attendre une autre année et Tomasz Adamek n'est pas encore prêt. Donc, on a opté pour un vétéran qui saurait se défendre. Ce qui n'est pas arrivé.

Et attendez... Son frère Wladimir, l'autre champion, lui aussi pourrait bien causer une commotion car son prochain rival est un certain Dereck Chisora, un type né au Zimbabwe, qui vit en Angleterre et qui n'a que 14 combats à sa fiche.

C'est vrai qu'il n'a jamais subi la défaite, mais jetez un coup d'oeil sur sa fiche et vous aussi vous allez vous demander: Pourquoi lui? Il n'a que 14 combats à sa feuille et déjà il est prêt à affronter un des meilleurs boxeurs au monde? Il n'a livré que deux combats de huit rounds et un de neuf rounds jusqu'ici. Il a peut-être du talent à revendre, mais il demeure tout de même une recrue aux yeux du champion. 
Ne jetez pas l'éponge

Pour revenir au cas de Briggs, tout comme son compatriote Chris Arréola, lors de son supplice contre ce même Vitali Klitschko il y a un an, il a refusé de mettre un terme au combat, même s'il recevait la correction de sa vie. Et pourquoi il n'a pas abandonné avant? ¨Je voulais montrer à tout le monde que j'avais le coeur d'un lion et le courage d'un champion,¨ a-t-il lancé de son lit d'hôpital. ¨Si je n'avais pas été blessé et avais eu mes deux bras, j'aurais pu le vaincre."

Plus tôt, c'est son compatriote Arreola qui avait lancé à peu près la même phrase suite à son cuisant revers contre Vitali.

Le combat Vitali-Briggs avait si peu d'importance aux États-Unis que la télé l'a boudé. Par contre, en Allemagne, pas moins de 17 millions de téléspectateurs l'ont visionné.

Pourquoi le gérant de Briggs n'-a-t-il pas lancé la serviette? 

Parce que Briggs lui avait défendu d'agir en son nom. Au moins, les seconds de Arreola avaient été plus intelligents même s'ils ont été critiqués pour avoir attendu trop longtemps.
Pas à Montréal

A Montréal, j'ai déjà posé la question à Yvon Michel, Stéphan Larouche et Pierre Bouchard. Et chacun m'a répondu la même chose. ¨Nous ne laisserions pas un de nos boxeurs se faire massacrer pour rien.¨D'ailleurs, combien de fois avez-vous entendu à la télévision, Stéphan Larouche dire à un de ses poulains: ¨Si ca continue comme cela, on va commencer à songer à arrêter ça...¨

Enfin, au cours des ans, j'ai vu des milliers de combats de boxe. Je n'ai jamais rouspété à la suite de combats égaux. La boxe est un sport violent où des combattants sont payés pour prendre et donner des coups. Il arrive parfois qu'il y ait des blessures. Mais cela fait partie du métier. C'est le risque qu'il faut prendre quand on est boxeur. Comment contrer cette invasion des faire-valoir ou encore des aspirants logiques? 

Il faut tenir compte des promoteurs, de l'activités des meilleurs boxeurs, des droits de la télévision, des régies locales et quoi encore.

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