Chris Ganescu : l’homme derrière les boxeurs roumains
par Jean-luc Autret
Chris Ganescu - .
L'homme d'affaire roumain Chris Ganescu est l'un des personnages derrière la horde de combattants roumains qui ont surfé sur la vague du succès pugilistique montréalais.
Son association avec la boxe a débuté en 1997, avec le double médaillé de bronze olympique, Leonard Dorin, qui est par la suite devenu champion du monde WBA des poids légers : « La première fois où j'ai rencontré Leonard, c'était à la fin de 1997. Je l'ai connu par des amis communs à Montréal, lors d'un événement dans un hôtel du centre-ville, avec InterBox. Stéphane Ouellet était là aussi. C'est la première fois où j'ai été lié à un boxeur », explique Ganescu.
Dorin, un bagarreur fougueux et infatigable, a connu une belle carrière, qui s'est toutefois terminée en queue de poisson. Plusieurs ont encore en tête son forfait, le 24 octobre 2003, alors qu'il a refusé d'affronter dans son pays natal le Panaméen Miguel Callist, pourtant un boxeur au palmarès peu impressionnant. « Il n'a pas fait le poids et c'était une semaine de fou pour lui » , a expliqué celui qui œuvre dans l'immobilier, autant dans la métropole qu'en Roumanie. « Ça n'allait pas bien pour lui, il était tanné. Il s'est levé le matin avant le combat, et il avait encore 250 grammes à perdre. Il a décidé que c'en était assez. C'était pourtant un combat facile qu'il aurait gagné. »
Le succès de Lucian Bute
Le champion IBF des poids super-moyens, Lucian Bute, est un autre gladiateur issu du pays de Nadia Comaneci qui a été guidé par Chris Ganescu. Ce dernier explique les débuts au Québec du plus populaire roumain à Montréal : « Je suis dans l'entourage de Lucian depuis 2003. Il ne pouvait se débrouiller seul et parlait un peu anglais avec Stéphan Larouche. En fait, le peu d'anglais qu'il connaissait venait de voyages à l'étranger avec l'équipe roumaine de boxe olympique. »
L'homme d'affaire compare avantageusement Bute avec l'ex-capitaine des Canadiens de Montréal, Saku Koivu. C'est que Ganescu a fortement suggéré au gaucher natif de Galati, une ville près du fleuve Danube, d'apprendre la langue de Molière. « Je lui ai dit : Tu seras ici longtemps pour ta carrière, Lucian. Tu dois t'engager ici et parler la langue d'ici, ça te sera bénéfique. » Ça n'a pas été facile et il a dû aller à l'école plusieurs fois par semaine, en plus de ses nombreux entraînements, mais il en est sorti gagnant. Il est maintenant beaucoup plus à l'aise avec ce qui ce passe autour de lui. »
Devenu champion du monde, chouchou des Québécois et maintenant bien à l'aise en français même devant les caméras, il en a fait du chemin, le poulain de Stéphan Larouche. « Il connaît une carrière incroyable. À son neuvième combat, il faisait déjà un 12 rounds et il n'a pas arrêté depuis. Il est capable de demeurer invaincu jusqu'à 33 ou 34 ans et être encore au sommet. Je crois sincèrement qu'il deviendra un sérieux candidat au Temple de la Renommée» analyse Ganescu.
La prochaine étape pour Bute est une défense de titre obligatoire face à l'Américain Jesse Brinkley. Le Montréalais d'adoption croit que l'absence du réseau HBO pour ce combat est incompréhensible : « Lucian doit défendre sa ceinture et Brinkley a gagné sa place d'aspirant obligatoire. Le réseau HBO a décidé de ne pas s'engager dans ce combat. Je suis un peu déçu, mais c'est leur choix. Ils ont diffusé des boxeurs bien pires que Jesse Brinkley. De toute façon, avec les deux performances de Lucian à HBO, ce combat-ci devrait y être. » a-t-il lancé.
Quant à la Classique mondiale Super Six du réseau Showtime, où Bute n'a pas reçu d'invitation, Ganescu voit son compatriote vaincre n'importe lequel des six boxeurs : « Je crois qu'il serait sorti gagnant de ce tournoi. De toute façon, même s'il n'a pas été invité, le gagnant du Super Six affrontera Lucian. Ce sera possiblement Andre Ward qui sera le vainqueur. Comme Lucian, il a un style efficace. Il n'a toutefois pas été impressionnant face à Miranda et Green » a-t-il assuré.
Gankor, Diaconu et Dan
Le rôle principal de Ganescu consistait à être le conseiller des boxeurs. Outre Dorin et Bute, Ganescu a collaboré aux carrières du mi-lourd Adrian Diaconu, du poids plume Crinu Olteanu (qui n'a finalement effectué qu'un seul combat professionnel) et du mi-moyen Jo Jo Dan.
Il a également créé Gankor, un groupe de promotion qui permettait aux athlètes roumains de monter dans l'arène chez les professionnels. L'expérience n'a pas été de tout repos. « On a eu de la misère avec la télévision et les commanditaires, explique-t-il. Ça a été plus difficile qu'on le pensait. Disons que la situation économique ne nous a pas aidés. Et même au Québec, il y a de moins en moins de galas. Ce n'est pas une vie facile! J'ai tout de même mis sur pied un premier gala en Roumanie en 2005. Lucian Bute a disputé sur cette carte son neuvième combat. J'ai aussi réussi à organiser trois galas en 2008, dont le combat entre Adrian Diaconu et Chris Henry pour le titre intérimaire WBC des poids mi-lourds, qu'Adrian a gagné par décision unanime. » On sait qu'Adrian est par la suite devenu champion régulier parce que Chad Dawson a refusé de venir se battre en Roumanie même si j'avais gagné l'appel d'offre. »
Gankor avait effectivement remporté cet appel d'offre le 13 juin 2008, avec une mise de 1 813 000 $, comparativement aux 1 301 000 $ offerts par le promoteur américain Gary Shaw. Le combat ne s'est malheureusement jamais concrétisé. Le dernier gala de Chris Ganescu remonte au 5 juin 2009, alors que Jo Jo Dan a défendu ses titres NABA et WBC Continental des Amériques des poids super-légers face à l'Argentin Walter Sergio Gomez.
Parlant de Dan, Chris Ganescu a bien voulu discuter de son dernier combat. Rappelons que le rapide gaucher a tenté sa chance pour l'obtention de la ceinture d'Argent de la WBC le 5 juin dernier, à Istanbul en Turquie, face au guerrier local Selcuk Aydin. Le Turc a remporté une décision partagée fort discutable. « Jo Jo était stressé, mais il a bien fait. Oui je blâme les juges pour cette décision partisane, mais c'est aussi ça la boxe, a mentionné le conseiller-promoteur. Chose certaine, il est sorti de là meilleur : il est plus confiant et sait qu'il peut rivaliser avec n'importe qui. Il se sent chez lui à 147 livres, plus que chez les 140 livres. C'est plus facile pour lui de faire le poids. »
Jo Jo Dan livrera son prochain duel le 15 octobre au Centre Bell, en sous-carte du combat de championnat du monde entre Lucian Bute et Jesse Brinkley. Il fera face à l'Argentin Andres Pablo Villafane. Il n'a pas de contrat officiel, comme la majorité des boxeurs qui lacent leurs gants dans les galas du groupe InterBox.
En ce qui a trait à l'ex-champion du monde WBC des poids mi-lourds, Adrian Diaconu, il montera lui aussi dans le ring le 15 octobre, alors qu'il croisera les gants avec le vétéran Omar Sheika. Rappelons qu'il avait signé un contrat avec InterBox qui viendra à échéance en avril 2011. Ses deux combats avec Jean Pascal faisaient partie de l'entente.
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