Bien ancré dans ses tripes
WEST PALM BEACH, Floride - Cette fois, le désir de gagner n'est pas que théorique. Lucian Bute le ressent dans son coeur et dans ses tripes.
« Absolument. Ça vient de mon intérieur. Ce n'est pas juste dans ma tête. J'y crois et je le sens, a indiqué le Québécois d'origine roumaine, lundi matin, à la suite d'une séance de conditionnement physique au gymnase de Lake Worth, non loin de sa résidence floridienne. Je vais tout donner, je vais faire de mon mieux pour gagner, d'autant plus que mon avenir et ma carrière sont en jeu. »
Même s'il est encore au beau milieu de son camp d'entraînement, Bute ressent déjà toutes ces sensations fortes parce que son adversaire du 25 mai prochain, au Centre Bell, ne sera pas un boxeur anonyme, dont la renommée s'est construite en terre étrangère. Bute livrera, face à Jean Pascal, une guerre quasi fratricide.
« Parfois, quand mon entourage est à table pour le souper, moi, je ne suis pas là mentalement, parce que je suis déjà dans mon combat, je le visualise », a reconnu le boxeur de 33 ans, quelques heures avant de se livrer à sa deuxième séance d'entraînement de la journée, en simulation de combat celle-là.
La dernière fois qu'il s'est senti aussi fébrile, c'était avant son deuxième combat contre Librado Andrade, a affirmé Bute pendant que de sombres nuages laissant présager un orage faisaient place à un ciel bleu et à la chaleur du sud de la Floride.
« Ça fait des années que je n'ai pas eu cette motivation-là, ça me manquait. J'ai du feu dans les yeux et quand j'arrive au gymnase, j'ai Jean Pascal en tête, a ajouté Bute. Mais je suis très content de vivre ce moment-là. Ça va rester pour toujours. »
Bute est d'autant plus serein qu'il est confiant de remporter l'affrontement contre le boxeur lavallois. Il estime avoir plus d'endurance que Pascal.
« Je pense qu'il ne pourra pas suivre mon rythme, avec tous les coups que je vais lui servir. (Pascal) est un gars de quatre rounds et d'une minute et demie par round. Il peut s'entraîner avec n'importe qui, ça ne va pas changer ce qu'il est. »
Bute estime que le passage à une catégorie de poids supérieure, celle des 168 livres à celle des 175 livres, lui sera profitable. Et ce, tant physiquement que mentalement.
« Psychologiquement, c'est beaucoup mieux pour moi, a-t-il noté. Je me réveille le matin et même si je pèse 180 livres, je suis de bonne humeur, je sais que je vais pouvoir faire le poids quand même.
« On a changé l'entraînement en musculation et je vais être plus fort sur mes jambes. Aux bras aussi, ce qui va me permettre d'améliorer la qualité de mes coups », a-t-il ajouté.
Le préparateur physique de Bute, Alain Delorme, savoure lui aussi cette nouvelle liberté d'esprit à l'entraînement.
« Ça permet beaucoup plus de créativité et d'intensité à l'effort sans qu'on ait à se préoccuper des conséquences, notamment un gain excessif en masse musculaire. Je dirais que ça nous a facilité la vie », a dit celui qui a dirigé la séance en musculation de Bute, lundi, au milieu de quelques dizaines de sportifs curieux de connaître l'identité de l'homme qui attirait autant l'attention de son entourage et des caméras.
Delorme estime que le passage chez les 175 livres ne condamne pas nécessairement Bute à oublier à jamais les super-moyens, catégorie qui lui a permis d'être couronné champion IBF jusqu'à ce qu'il s'incline devant Carl Froch.
« Lucian est un mésomorphe, c'est-à-dire qu'il a un type musculaire qui s'adapte très rapidement à ce que son corps reçoit comme stimuli, a-t-il expliqué. Lorsqu'il cesse d'être stimulé dans un esprit de gain musculaire, il va rapidement s'adapter avec une perte de masse musculaire. Et l'inverse est aussi vrai. Je ne vois aucun défi particulier à ce qu'il retrouve sa catégorie antérieure.
« Il est à un âge où le corps s'adapte encore très facilement et rapidement. Il y a des gens qui ont plus de difficulté. Si on regarde Jean Pascal, par exemple, il n'a pas besoin de faire grand-chose pour avoir un gain musculaire. »
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