Boxeur dans sa jeunesse, supporteur des Bafanas Bafanas du football sud-africain, Nelson Mandela a largement utilisé le sport pour rapprocher Blancs et Noirs et cimenter la nation «arc-en-ciel», allant jusqu’à porter le maillot springbok du rugby, symbole de la communauté afrikaner et de l’apartheid.
Nelson Mandela et les champions de boxe Marvin Hagler (d) et Roberto Duran, le 12 novembre 1997 (Photo Anna Zieminski. AFP)
«Il savait que, pour ses gardiens de prison (à Robben Island), le rugby serait toujours un sujet de conversation. Cela rendait possible un contact. Il a donc appris tout ce qu’il pouvait sur ce sport, toutes les coulisses et ses moments-clés. Et c’est comme ça qu’on a commencé à échanger», racontait en 2009 un de ses anciens geôliers, Christo Brand, au journal The Telegraph.
En 1995, alors que l’Afrique du Sud peine à sortir pleinement de la ségrégation raciale, malgré sa sortie de prison et son élection un an plus tôt à la présidence du pays, Nelson Mandela comprend donc mieux que personne l’intérêt de son pays à organiser la Coupe du monde de rugby, premier événement d’envergure sur le sol national depuis la fin de sa mise au ban internationale.
L’histoire, d’ailleurs, est si riche, qu’elle inspirera plus tard Hollywood et Clint Eastwood pour son film +Invictus+.
Mandela 16e Springbok en 1995
Mais pour les acteurs de cet événement, l’émotion reste vivante et bien réelle. Un geste, surtout, va témoigner de l’utilisation du sport par Mandela pour des visées politiques.
Juste avant le coup d’envoi de la finale contre la Nouvelle-Zélande, Mandela va apparaître vêtu du maillot Springbok, et, dans un des gestes les plus audacieux de sa carrière politique, aller saluer les joueurs sous les yeux des 62.000 spectateurs du stade, très majoritairement blancs.
«Nous n’avions aucune idée que ça allait se dérouler comme ça. Quand Nelson Mandela est apparu en dessous des travées vêtu du maillot springbok, la foule a littéralement explosé. C’est l’expérience la plus stupéfiante que j’ai jamais vécue dans un stade de rugby», confiera à l’AFP Laurie Mains, entraîneur des All Blacks, quelques mois avant la mort de Mandela.
Même Jonah Lomu, l’impressionnant ailier, avouera son trouble après coup. «C’était comme si la pression était entièrement sur nous parce qu’ils avaient Nelson Mandela avec eux».
Pour «Madiba», il ne s’agissait cependant pas que d’un +coup+ politique. Nelson Mandela portait réellement en lui l’amour du sport.
Sur le ring, plus de couleur de peau
Pendant une dizaine d’années, dans sa jeunesse, Mandela a ainsi pratiqué la boxe. «Sur le ring, le rang, l’âge, la couleur de la peau ou la richesse n’ont plus cours», expliquera-t-il dans sa biographie.
Du noble art, il gardera la faculté à encaisser les coups, tout en réfléchissant à celui qu’il
portera plus tard, pour gagner le combat.
portera plus tard, pour gagner le combat.
«Il nous a fait prendre conscience que nous sommes les protecteurs de nos frères, et que nos frères sont de toutes les couleurs», a réagi Mohamed Ali, plus grand boxeur de l’histoire et figure de proue de la lutte pour les droits civiques.
En 2004, l’Afrique du Sud et Nelson Mandela sont à nouveau à la fête grâce au sport. +Madiba+ n’est plus président depuis longtemps, mais l’icône de la lutte contre l’apartheid a bien entendu joué son rôle dans l’attribution de la Coupe du monde 2010 de football à son pays.
Marqué par la mort d’une de ses arrières-petites filles, Mandela n’assistera pas, comme cela était pourtant prévu, à la cérémonie d’ouverture.
Mais bien que fatigué, il fera une courte apparition à la cérémonie de clôture, le 11 juillet 2010, pour ce qui restera sa dernière apparition publique dans un événement retransmis en mondovision.
Comme un symbole de plus des liens étroits que cet homme aura également tissé avec le monde du sport.
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