Une affiche est accrochée en signe de reconnaissance. Une piqûre de rappel contre l’oubli. Au Boxing Olympique agathois, on sait qui il est, Frédéric Patrac. On sait que sa vie d’avant était rythmée à coups de poings, à coups de gong, par tous ces combats qui vous marquent un type à vie. "Treize ans d’une carrière pro, ça compte. Si c’était à refaire, je rempile demain", avoue-t-il.
Fred ne met plus les gants
Aujourd’hui, Fred Patrac est descendu du ring apparemment intact. Mais l’intérieur est un peu cabossé. Il ne veut plus remettre les gants, même à l’entraînement "parce que, dit-il, je ne sais pas boxer sans me livrer à fond. Mon bonheur, c’est de conseiller les autres, tous ces licenciés qui nous font confiance. On a commencé avec six boxeurs et nous sommes soixante-dix, une décennie plus tard. Regarde tous ces gamins..."
Les siens, Rudy, Morgane (13 ans), les faux jumeaux de la famille et Jimmy, le petit dernier (11 ans), mais pas le moins bavard. "Avec sa langue bien pendue, il sera avocat", plaisante Fred Patrac entre tendresse et autorité. Il vous récite le palmarès de son père sur le bout des doigts : "Champion de France, deux fois, et champion d’Europe et champion du monde..."
"Les études avant la boxe parce que le sport est éphémère"
Jimmy a les gants plus gros que la tête. Dans un coin, il reçoit la leçon, apprend les premiers gestes, les premières esquives : "J’ai commencé la semaine dernière, précise-t-il. Avant je faisais du tennis et du karaté. Pour l’instant, la boxe, ça me plaît parce qu’on ne tape pas avec les pieds..."
Le regard de Fred Patrac se pose maintenant sur Rudy, l’aîné. Il a disputé son premier combat, huit jours plus tôt. Il a gagné : "C’est là où tu te rends compte du temps qui passe. Je me suis revu à son âge. Je ne sais pas si Rudy va continuer, mais on me dit qu’il a déjà les gestes, le sens tactique. Il observe avant d’attaquer..."
Rudy boxe comme son père
Rudy boxe comme son père, mais Fred n’en dira mot. Par pudeur. Sur le même ring, Morgane l’une des seules filles de la salle, avance tête baissée. Morgane a fait de la danse, de l’équitation, de la gym et de la natation. "J’avais envie d’essayer la boxe et ça me plaît." Son casque est rose, tout de même.
Et la maman ?
Dans un coin, Audrey, la maman, regarde, un peu inquiète, cette histoire de famille qui recommencerait. Mais elle sait que son mari ne forcera jamais le destin sportif de ses enfants.
À la maison, jamais ils ne parlent de boxe. Jamais Fred Patrac n’évoque sa carrière. Avant le sport, il veut surtout que Rudy, Morgane et Jimmy s’accomplissent dans les études "qui restent le seul moyen de réussir dans la vie. Parce qu’une carrière sportive, c’est éphémère..."
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