141 portraits x 2. Un cliché pris avant, l’autre après. Entre les deux, un combat pendant lequel ils ont donné et reçu des coups. Le photographe danois Nicolai Howalt jette un voile pudique sur cette violence qu’on devine aux traces de sang qui apparaissent parfois sur les faces des jeunes boxeurs
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Cela dit, la différence entre les deux portraits relève moins de la blessure que de l’extrême relâchement qui caractérise les expressions de ceux qui viennent de descendre du ring. Victoire ou défaite, la tension est retombée et beaucoup offrent des regards quasi extatiques.
UN RITE DE PASSAGE
Les modèles sont de jeunes boxeurs amateurs avec peu d’expérience. Certains disputent leur premier combat. La tension des clichés d’avant-match s’explique par leur nervosité. On sent – ils sentent – qu’ils s’apprêtent à vivre une expérience qui les changera à tout jamais.
Lorsqu’il commente son travail, Nicolai Howalt cite religieusement Ernest Hemingway, celui qui a le mieux saisi la dimension "rite de passage" du noble art. C’est en apprenant à encaisser les coups – dans la vie comme sur le ring – sans s’effondrer ni paniquer qu’on devient un homme.
Chez Hemingway, devenir un homme est d’abord un endurcissement. A la guerre, à la chasse, au milieu de l’océan ou sur le ring, ses héros affrontent le danger sans montrer de signe de faiblesse : no fear, no whimper.
La peur est toujours là, mais les personnages d’Hemingway ont appris à composer avec, sans perdre la face. C’est la loi du silence : pas un mot, et tout finira par passer.
L’œuvre de Nicolai Howalt est consultable sur nicolaihowalt.com.
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