« Un bras, l’autre bras, on appuie sur la pointe, tu vois ? » L’autre dessous, on ne le voit plus vraiment justement, à part la couleur très rouge de son visage qui ressort sur le tapis bleu. «Et là, si t’es en MMA tu tapes. » L’énorme poing fait mine de s’abattre plusieurs fois sur la joue écarlate. L’élève tapote alors gentiment Chaban Ka, un signe de soumission qui arrête le combat. L’exercice se termine et c’est reparti pour un étranglement entre les deux cuisses du colosse, cette fois. On est en plein entraînement de ju-jitsu brésilien avec, çà et là quelques petites touches de MMA pour mixed martial arts, un sport qui mêle judo, ju-jitsu, boxe thaïe, lutte, où les coups au sol et l’étranglement sont permis, notamment. « Certains arrivent des quartiers pour mieux taper, ils se rendent compte très vite que c’est avant tout cérébral, souligne Chaban Ka.
Nécessité d’un agrément
Car, partout, le MMA attire les foules et les adeptes. Y compris dans la région où des sections fleurissent dans tous les clubs depuis dix ans, entre Calais, la métropole lilloise et Maubeuge, avec, en tout, une bonne dizaine de clubs selon la Fédération des sports de contact. « Comme la compétition est interdite en France, il n’y a pas de fédération MMA, reprend Chaban Ka. Ce qui, selon lui, entraîne de nombreuses dérives : « Du coup, la porte est ouverte à tout. Il y a des clubs où on encourage la guerre des gangs, où les entraînements sont des démonstrations de force. » (*)
Même son de cloche chez Nadir (prénom d’emprunt), 42 ans : « J’ai vu du grand n’importe quoi avec des mecs qui se défoulent sur un autre et qui appellent ça de l’entraînement. » Lui avoue être là aussi pour mieux se défendre – « ç a peut servir » – mais il met surtout en avant le bien-être et l’ouverture aux autres (si, si) que lui apporte la pratique de ce sport. «C’est beaucoup plus technique que brutal, confirme Soufiane, 29 ans, « on apprend à canaliser, se concentrer. »
Le « contre » du ministère
(*) Ce que ne nous ont confirmé ni la police ni la gendarmerie.
Alors, jusqu’où y a-t-il tolérance ?
« Il n’y a pas de loi qui interdise le MMA en France », assure Salvatore Casilli, du Team Tourcoing, un club de free fight. « Si on avait le temps , on pourrait organiser des combats. J’avais moi-même lancé une opération qui a été annulée avec un prétexte bidon par la préfecture à la dernière minute. »
Renseignements pris auprès du ministère des Sports, « l’entraînement au MMA dans la forme d’une discipline de combat aux techniques mixtes et qui se pratique en cage ou avec frappes sur l’adversaire au sol n’est pas plus autorisé que la compétition ».
Le rôle des préfets
Cette interdiction ne passe pas, en effet, par une loi mais par les préfets qui peuvent interdire toute manifestation liée au MMA « sur la base de l’atteinte à la dignité, à l’intégrité physique, à la santé des pratiquants ».
Reste que, dans les faits, on compte au moins une dizaine de clubs dans la région et que, selon les dirigeants, la demande explose. « Le phénomène a vraiment pris de l’ampleur en 2006 avec la rediffusion des matchs sur RTL9, continue M. Casilli. Soit une chaîne privée luxembourgeoise, le MMA étant banni des chaînes françaises.
Ce succès grandissant est reconnu par le ministère, qui précise : « La difficulté est le contrôle des entraînements, beaucoup plus complexe que celui des manifestations. »
D’autant que certains clubs comme celui de Tourcoing ou Villeneuve-d’Ascq sont soutenus par les municipalités. « Le travail d’encadrement y est très sérieux, note ainsi l’adjoint aux sports villeneuvois, Farid Oukaïd. « Ils forment les jeunes, les éduquent et ont de très bons résultats. »
Plus largement, la position de la France par rapport au MMA est isolée en Europe : l’Allemagne, l’Italie, la Suède et de nombreux pays de l’Est l’autorisent, la Belgique le tolère.
Mais le pays du MMA demeure les États-Unis avec l’Ultimate Fighting Championship (UFC), une organisation qui réunit 500 combattants et s’est dotée de règles pour en faire un sport codifié… et réaliser des cartons d’audience.
« Ici le succès est énorme, si on avait plus de créneaux, on les remplirait sans problème, constate Chaban Ka, ce qu’il faudra prendre en compte à un moment donné. »
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Je préfère le terme 'free figh't à Mixed Martial Art. Aucun art martial ne permet de frapper un gars par terre, cela va à l'encontre de l'esprit d'un art martial.
RépondreSupprimerJ'apprécie beaucoup le travail au sol venant du jiu jitsu brésilien, du judo aussi et la mixité des techniques debout/sol. Tactiquement un gars défavorisé au combat debout peut retourner la situation en travaillant au sol et vice versa!. C'est beaucoup plus ouvert au niveau technique et tactique
Par contre je suis farouchement opposé au Pound and Ground consistant à frapper le gars par terre avec ses coudes pour lui infliger des coupures.
Je ne vois pas alors pourquoi interdire de lui mettre les pouces dans les yeux, lui donner un coup de boule ou lui écraser les joyeuses....quitte à être free fight autant l'être jusqu'au bout, non ??