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samedi 4 janvier 2014

Interdit, le «free fight» s’affirme pourtant dans le Nord de la France - Pas-de-Calais (VIDÉO)

Depuis dix ans, les sections de MMA (arts martiaux mélangés) ou combat libre, un sport interdit en France en compétition, essaiment partout dans la région. Plus ou moins en catimini, ce qui, selon les adeptes, favorise les dérives. Rencontre et explications avec Chaban Ka, numéro 2 français, et ses élèves lors d’un entraînement de combat ultime au Nord Fighting club de Villeneuve-d’Ascq, l’un des plus importants du Nord.

« Un bras, l’autre bras, on appuie sur la pointe, tu vois ? » L’autre dessous, on ne le voit plus vraiment justement, à part la couleur très rouge de son visage qui ressort sur le tapis bleu. «Et là, si t’es en MMA tu tapes. » L’énorme poing fait mine de s’abattre plusieurs fois sur la joue écarlate. L’élève tapote alors gentiment Chaban Ka, un signe de soumission qui arrête le combat. L’exercice se termine et c’est reparti pour un étranglement entre les deux cuisses du colosse, cette fois. On est en plein entraînement de ju-jitsu brésilien avec, çà et là quelques petites touches de MMA pour mixed martial arts, un sport qui mêle judo, ju-jitsu, boxe thaïe, lutte, où les coups au sol et l’étranglement sont permis, notamment. « Certains arrivent des quartiers pour mieux taper, ils se rendent compte très vite que c’est avant tout cérébral, souligne Chaban Ka.


Forcément, au vu des exercices et de la masse de 117 kg qui répond à nos questions, on commence par douter. Et puis, on regarde mieux : les élèves qui se saluent avec le sourire, l’échauffement progressif, les gabarits très différents, le calme. « On a de tout, du médecin au collégien , raconte Say Sisouvannalath, président du Nord Fighting club qui réunit 80 licenciés dont une vingtaine pratique le MMA. Prof d’EPS, ceinture noire de taekwondo, Say, comme tout le monde l’appelle ici, a même attiré d’anciens élèves. Mais c’est bien Chaban Ka qui centralise tous les regards.
Avec son 1,86 m., cet ancien triple champion d’Europe de ju-jitsu vient, à 34 ans, d’être sacré numéro 2 français et a participé à la finale du championnat du monde de MMA. Il vit de ses combats, part environ tous les trois mois à l’étranger, vient de se battre en Russie devant des dizaines de milliers de spectateurs. « Ce sont de vrais shows payés plusieurs milliers de dollars » , continue Say, qui est aussi l’entraîneur de Chaban Ka.

Nécessité d’un agrément

Car, partout, le MMA attire les foules et les adeptes. Y compris dans la région où des sections fleurissent dans tous les clubs depuis dix ans, entre Calais, la métropole lilloise et Maubeuge, avec, en tout, une bonne dizaine de clubs selon la Fédération des sports de contact. « Comme la compétition est interdite en France, il n’y a pas de fédération MMA, reprend Chaban Ka. Ce qui, selon lui, entraîne de nombreuses dérives : « Du coup, la porte est ouverte à tout. Il y a des clubs où on encourage la guerre des gangs, où les entraînements sont des démonstrations de force. » (*)
Même son de cloche chez Nadir (prénom d’emprunt), 42 ans : « J’ai vu du grand n’importe quoi avec des mecs qui se défoulent sur un autre et qui appellent ça de l’entraînement. » Lui avoue être là aussi pour mieux se défendre – « ç a peut servir » – mais il met surtout en avant le bien-être et l’ouverture aux autres (si, si) que lui apporte la pratique de ce sport. «C’est beaucoup plus technique que brutal, confirme Soufiane, 29 ans, « on apprend à canaliser, se concentrer. »
Chaban Ka reconnaît que lui-même était attiré au départ par le côté spectaculaire du free fight : « Cela n’existe plus mais je me rappelle qu’on regardait des vidéos où un sumo affrontait un boxeur thaïlandais. »

Le « contre » du ministère

On lui parle réticences de la Ligue des sports de contact ( lire ci-contre ). Et du récent commentaire de la ministre des Sports, Valérie Fourneyron, qui, comme ses prédécesseurs, ne veut en aucun cas reconnaître le MMA : « Le MMA est interdit en France et je souhaite poursuivre cette interdiction (…). Un sport qui se déroule dans une cage, qui permet de frapper au sol son adversaire, est un sport qui ne respecte pas aujourd’hui (nos) valeurs » Avec conviction, le champion rétorque : « C’est très réglementé maintenant. Le combat peut se terminer par soumission ou par arrêt de l’arbitre qui veille sur la santé du combattant . » L’image dégradante des combats en cage ? C’est Say Sisouvannalath qui répond : « Cela protège mieux les combattants qu’un ring. » Reste la structure : « On a des jeunes de quartier qui se sont remis dans le droit chemin grâce à ce sport et on fait tout ça bénévolement. On échange avec les autres clubs… Ça ressemble à un projet, non ? »
(*) Ce que ne nous ont confirmé ni la police ni la gendarmerie.

Alors, jusqu’où y a-t-il tolérance ?

« Il n’y a pas de loi qui interdise le MMA en France », assure Salvatore Casilli, du Team Tourcoing, un club de free fight. « Si on avait le temps , on pourrait organiser des combats. J’avais moi-même lancé une opération qui a été annulée avec un prétexte bidon par la préfecture à la dernière minute. »
Renseignements pris auprès du ministère des Sports, « l’entraînement au MMA dans la forme d’une discipline de combat aux techniques mixtes et qui se pratique en cage ou avec frappes sur l’adversaire au sol n’est pas plus autorisé que la compétition ».

Le rôle des préfets

Cette interdiction ne passe pas, en effet, par une loi mais par les préfets qui peuvent interdire toute manifestation liée au MMA « sur la base de l’atteinte à la dignité, à l’intégrité physique, à la santé des pratiquants ».
Reste que, dans les faits, on compte au moins une dizaine de clubs dans la région et que, selon les dirigeants, la demande explose. « Le phénomène a vraiment pris de l’ampleur en 2006 avec la rediffusion des matchs sur RTL9, continue M. Casilli. Soit une chaîne privée luxembourgeoise, le MMA étant banni des chaînes françaises.
Ce succès grandissant est reconnu par le ministère, qui précise : « La difficulté est le contrôle des entraînements, beaucoup plus complexe que celui des manifestations. »
D’autant que certains clubs comme celui de Tourcoing ou Villeneuve-d’Ascq sont soutenus par les municipalités. « Le travail d’encadrement y est très sérieux, note ainsi l’adjoint aux sports villeneuvois, Farid Oukaïd. « Ils forment les jeunes, les éduquent et ont de très bons résultats. »
Plus largement, la position de la France par rapport au MMA est isolée en Europe : l’Allemagne, l’Italie, la Suède et de nombreux pays de l’Est l’autorisent, la Belgique le tolère.
Mais le pays du MMA demeure les États-Unis avec l’Ultimate Fighting Championship (UFC), une organisation qui réunit 500 combattants et s’est dotée de règles pour en faire un sport codifié… et réaliser des cartons d’audience.
« Ici le succès est énorme, si on avait plus de créneaux, on les remplirait sans problème, constate Chaban Ka, ce qu’il faudra prendre en compte à un moment donné. »

VIDEO






1 commentaire :

  1. Je préfère le terme 'free figh't à Mixed Martial Art. Aucun art martial ne permet de frapper un gars par terre, cela va à l'encontre de l'esprit d'un art martial.

    J'apprécie beaucoup le travail au sol venant du jiu jitsu brésilien, du judo aussi et la mixité des techniques debout/sol. Tactiquement un gars défavorisé au combat debout peut retourner la situation en travaillant au sol et vice versa!. C'est beaucoup plus ouvert au niveau technique et tactique

    Par contre je suis farouchement opposé au Pound and Ground consistant à frapper le gars par terre avec ses coudes pour lui infliger des coupures.
    Je ne vois pas alors pourquoi interdire de lui mettre les pouces dans les yeux, lui donner un coup de boule ou lui écraser les joyeuses....quitte à être free fight autant l'être jusqu'au bout, non ??

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