L'art de juger un combat (role de l'arbitre et des juges et officiels)

Observation et comptage des coups

L'arbitre et les juges du combat de la semaine prochaine entre Jean Pascal et Lucian Bute auront un rôle important à jouer.

Claude Paquette sera l'un des juges en fonction lors de ce combat au sommet.

Les juges donnent leur pointage après chaque round à l'arbitre

.Le Québécois est juge de boxe depuis plus de 15 ans. Lorsqu'il sait qu'il aura à juger un combat important, monsieur Paquette se tient éloigné des informations, pour demeurer le plus neutre possible.

L'arbitre remet le pointage des juges au responsable

« Je me tiens éloigné et pour moi quand ça arrive, il n'y a pas de champion. La ceinture est maintenant sur la table. Il y a deux boxeurs qui s'affrontent, round par round. Et à la fin du round, je l'envoie dans mon sac et je l'oublie », a lancé Claude Paquette

L'arbitre remet le pointage des juges au responsable

En effet, à la fin de chaque round, les trois juges remettent leur pointage à l'arbitre. Le pointage est comptabilisé par un responsable de la Régie québécoise responsable des sports de combat. Ainsi, il est difficile pour chaque juge de connaître le pointage exact de la confrontation en cours.

Les pointages des trois juges sont comptabilisé

La consigne pour les juges est de départager le meilleur à chaque round. La Régie ne veut pas de round nul. Et non, le champion ne mérite pas par défaut un avantage lors des rounds serrés.

Observation pendant les rounds

« Non parce qu'il y a toujours une petite affaire qui fait la différence. Le principal est de demeurer neutre et de faire mon ouvrage honnêtement », croit M. Paquette.

L'art et la manière d'un juge

On remarque parfois des écarts entre les différents pointages. Monsieur Paquette (photo) détient une partie de l'explication.

« Parfois, les boxeurs se retrouvent dans l'angle opposé. On entend le coup, mais on ne sait pas qui a frappé. Ces coups ne comptent pas! Je ne sais pas qui a frappé! », a-t-il relaté.

Nous avons regardé quelques rounds en compagnie de monsieur Paquette. Il accorde un point par coup qui touche, et deux points par coups de puissances qui atteignent la cible. Concentration, discernement et vigilance jusqu'à la fin du combat, pour un résultat en boxe qui est toujours significatif, mais qui crée rarement l'unanimité.

Verdict, résultat du combat suivant le pointage des juges

Explications détaillée et complémentaire du role des officiels lors du combat Jean Pascal vs Lucian Bute du 18-01-2013

Le Québec sera à l’honneur samedi prochain lors du combat entre Jean Pascal et Lucian Bute.

En plus des boxeurs, des promoteurs et des entraîneurs qui sont québécois, les trois juges et l’arbitre sont également d’ici. En fait les seuls non-québécois dans le ring avant le combat seront les représentants du WBC, le « cutman » de Bute, Bob Miller, et l’annonceur Michael Buffer. Let’s get ready to Rumble!

Michael Griffin sera le troisième homme dans le ring. L’arbitre d’expérience est actuellement le meilleur de sa profession au Québec et au Canada. Ses services sont également appréciés à l’international. En décembre, il a arbitré en Angleterre le combat entre James DeGale et Dyah Davis. Il a aussi travaillé deux fois au Japon au cours des 13 derniers mois. En 2010, Michael Griffin avait arbitré le premier combat entre Carl Froch et Mikkel Kessler.

Les juges seront Pasquale Procopio, Jack Woodburn et Claude Paquette. Il s’agit là aussi de trois juges d’expérience. Afin d’en connaître plus sur leur métier, j’ai eu l’occasion en décembre dernier de réaliser une entrevue avec monsieur Paquette. C’est d’ailleurs l’objet de mon reportage aujourd’hui à Sports 30.

Monsieur Paquette se fait un devoir de rester le plus neutre possible avant un combat. D’ailleurs il se tient loin des différentes sources d’informations qui pourraient altérer son jugement. Évidemment lorsqu’on lui pose la question, le juge qui compte 15 années d’expérience estime qu’il n’a aucun parti pris, que ce soit pour Bute ou Pascal. Et on peut croire que cet ancien policier à la retraite dit la vérité!

On brise les mythes

Pour Claude Paquette, quand le combat commence, il voit devant lui deux boxeurs, et il ne tient pas compte des antécédents. « Quand les boxeurs embarquent dans le ring la ceinture reste sur la table. » Donc il est faux de croire que lors d’un combat serré, on doit favoriser le champion par défaut.

Car de toute manière, on ne peut pas avoir de rounds nuls. La Régie québécoise qui supervise les sports de combat ne veut pas voir de 10-10 sur les feuilles de pointage. « Les juges sont payés pour départager un vainqueur », explique le patron de la Régie, Michel Hamelin.

Pour ce faire, les juges disposent de plusieurs facteurs qui vont du nombre de coups jusqu’au contrôle du ring.

Bien sûr le nombre de coup est un facteur prédominant. Et monsieur Paquette fait la différence entre un coup de puissance et un coup qui touche la cible.

Voici un exemple de la manière dont un juge comptabilise un round…
Un coup régulier qui touche la cible vaut 1 point et un coup de puissance vaut 2 points.

Début du round... 0-0

Le boxeur A atteint la tête à l’aide d’un jab. +1
Le boxeur A atteint le corps à l’aide d’un crochet. +1 = 2
Le boxeur A décoche un puissant coup à la tête. +2 = 4
Le boxeur B réplique avec un coup au corps. -1 = 3
Le boxeur A décoche trois puissants crochets. + 6 = 9
Le boxeur B termine le round avec un jab. -1 = 8

Le boxeur A gagne donc le round 10-9 grâce au différentiel positif de coups.

Si au cours du round, le boxeur B décoche un puissant coup, mais que le juge ne le voit pas en raison de sa position, il ne peut pas en tenir compte, même si la foule réagit bruyamment. Un juge ne comptabilise que ce qu’il voit. C’est pourquoi les trois juges sont disposés sur trois côtés différents.

À la fin d’un round, le juge donne son papier à l’arbitre, qui le remet à la personne qui comptabilise tous les pointages. Un juge ne tient pas sa propre carte de pointage. Du coup, il est difficile pour lui de « gérer » le pointage.

La formation et le suivi

Pour devenir juge, il faut faire ses classes, comme n’importe quel boxeur d’ailleurs. Lors du gala de décembre au club de boxe de l’Est, l’arbitre Marlon B. Wright effectuait d’ailleurs un stage comme juge. Malgré sa vaste expérience comme arbitre, il doit tout apprendre pour cette tâche qui demande énormément d’attention, d’honnêteté et de discernement.

Monsieur Paquette se dit fier de n’avoir jamais rendu selon lui de mauvais jugement. Son meilleur combat est selon lui le 113-113 qu’il a accordé à l’issue du premier duel entre Jean Pascal et Bernard Hopkins. Pour les combats majeurs, comme celui-là, le WBC fait un suivi avec son personnel. Les juges doivent rendre un rapport et réexaminer le combat à nouveau, sur copie DVD.

Les juges font un métier crucial et souvent leur travail est critiqué. Selon les commentaires que j’obtiens depuis plusieurs années, nos officiels québécois font majoritairement un bon travail, et ont peu à envier aux officiels des autres États.

Source:

Jean-Luc Legendre RDS.CA Le Grand Club