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jeudi 27 février 2014

Jean-Marc Mormeck, dernier round pour tout le monde

Le boxeur français s'apprête à disputer son dixième championnat du monde. Ensuite, la boxe en France ne sera pas orpheline. Elle sera morte. Ou presque.




Jean-Marc Mormeck a disputé 41 combats professionnels (36 victoires, dont 22 par K.O, 5 défaites).
Jean-Marc Mormeck a disputé 41 combats professionnels (36 victoires, dont 22 par K.O, 5 défaites). © Rolf Vennenbernd / DPA / AFP

Par  ET 
L'histoire du sport d'un pays est souvent question d'astronomie. Une affaire de comètes qui se succèdent et viennent illuminer le ciel ténébreux d'une discipline, relançant ainsi la vente de télescopes. Le basket américain a eu Jerry West (années 1960-1970), Michael Jordan (années 1990), puis Lebron James (années 2000).


Le tennis suédois, Björn BorgMats Wilander et enfin Stefan Edberg. De leurs côtés, Masahiko Kimura, Yasuhiro Yamashita et Toshihiko Koga ont fait du judo une religion au pays du Soleil levant. Et au pays de Kopa, Platini et Zidane, la boxe anglaise est indissociable de Georges Carpentier, Marcel Cerdan, Alphonse Halimi et... Jean-Marc Mormeck !
Il y a douze ans tout rond, la boxe française voyait débarquer un petit bonhomme trapu (1 m 81, 90 kg) qui allait lui insuffler une bouffée d'air frais qu'elle n'allait plus jamais retrouver, noyée depuis dans la pollution ambiante qui asphyxie le noble art tricolore. Le 23 février 2002, Jean-Marc Mormeck terrasse une légende, l'Américain Virgil Hill - qui vient d'ailleurs de se payer un autre frenchy en la personne de Fabrice Tiozzo -, champion du monde mythique de la fin des années 1980 et des années 1990, pour le gain de la ceinture mondiale WBA des lourds-légers. Le gamin de Bobigny s'apprête alors à souffler sa trentième bougie, en juin, un joli cadeau autour de la taille. Presque trentenaire, tout le monde voit en cette victoire l'apothéose de sa carrière, un stade au-delà duquel le natif de Pointe-à-Pitre n'ira jamais. "Mais moi je voulais aller plus haut. Faire ce qu'aucun autre Français n'avait réussi avant. Au moins, le tenter. Je savais que je n'étais pas arrivé à mon maximum", répond l'intéressé. Il avait raison.

Comme Carpentier, Cerdan et Halimi


Neuf championnats du monde plus tard (6 victoires), Jean-Marc Mormeck, bientôt 42 ans, tente d'organiser son dixième championnat. Un chiffre rond, comme sa bouille, en guise de baroud d'honneur. Ensuite, il sera temps de refermer le livre d'une carrière qui a ressuscité la boxe anglaise de France dans un quasi-anonymat - que Brahim Asloum, protégé des frères Acariès, n'a jamais connu. Car il faut se rendre compte d'une chose : ce qu'a réalisé Jean-Marc Mormeck est à ranger au Panthéon du sport français. Jamais depuis près d'un demi-siècle la boxe tricolore n'avait vu un tel champion faire trembler les rings. Il faut en effet remonter au grand Alphonse Halimi, en 1956, pour revoir un boxeur français champion du monde incontesté de sa catégorie. Comme Georges Carpentier ou Marcel Cerdan avant lui. 

En effet, le 2 avril 2005, Jean-Marc Mormeck devient champion du monde unifié des lourds-légers en battant Wayne Braithwaite, champion WBC. En réunifiant les titres mondiaux de deux fédérations distinctes (la WBA et la WBC), le Français fait ce qu'aucun tricolore avant lui n'avait réalisé (à l'époque d'Halimi, une seule fédération, la WBA, existait). Il devient le champion unanime de sa catégorie, le titre IBF étant alors vacant. Ring magazine, le journal américain de référence de la boxe, lui décerne d'ailleurs la "ceinture Ring magazine" - récompense symbolique -, célébrant l'unique champion d'une catégorie de poids, faisant fi de la multiplication des fédérations qui ne reconnaissent que "leur" champion. Joe Louis, Mohammed Ali, Carlos Monzon, Mike Tyson ou encore son idole Marvin "Marvelous" Hagler ont eux aussi reçu cette distinction.

L'Équipe et Canal+ en dessous de tout


Et pourtant, Jean-Marc Mormeck est boudé chez lui, en France. Il se voit en effet boycotté par les frères Acariès dès 2003 et décide alors de grossir les rangs de l'escarcelle du sulfureux promoteur Don King. "Il était le seul à pouvoir m'offrir ce que je voulais : tenter de réunir les ceintures. Si j'étais resté, je me serais contenté de défendre mon titre contre des challengers dans des combats pipés d'avance", explique Jean-Marc Mormeck. Pour aller plus haut, le frenchy doit aller plus loin, de l'autre côté de l'Atlantique.

Dès lors, aucune télévision - pas même Canal+, le diffuseur officiel de la boxe dans l'Hexagone, qui préfère se plier aux exigences des frères Acariès - ne retransmet les championnats du monde de Jean-Marc Mormeck. Un comble alors que la boxe en France vit sous respirateur artificiel après les retraites de ses dernières têtes de gondole Mahyar Monshipour (champion du monde WBA des super-coqs) et Fabrice Tiozzo (champion du monde WBA des mi-lourds).
Et pour ne rien arranger aux affaires du petit frenchy de Bobigny qui est parti à la conquête des rings de l'Ouest, le jour où il entre dans l'histoire du sport français - ce fameux 2 avril 2005 - voit le pape Jean-Paul II s'éteindre. La performance de Jean-Marc Mormeck n'a donc pas l'écho qu'elle mérite à la télé et dans les journaux. Mais qu'en est-il alors de la presse spécialisée ? L'Équipe titre "Les conquérants" lui offrant une une... partagée avec Fernando Alonso, le pilote de F1, qui vient de remporter le troisième Grand Prix (sur 19) de la saison. Deux ans plus tard, le quotidien sportif "référence" rectifiera cet impair en offrant sa première page au Français - seul cette fois-ci - et titrant, "Mormeck foudroyé", après sa défaite par K.O contre David Haye, dans un combat où le Britannique est allé au tapis (4e round) et était mené aux points...

"Le lâche a peur donc il recule. Le héros a peur aussi. Mais il fait le pas en avant"

Une ingratitude qui ne démoralise pas le champion. Au contraire. Jean-Marc Mormeck n'a jamais joué la carte de la facilité : "J'aurais pu éviter les meilleurs combattants de ma catégorie pour conserver mes ceintures et défier des pseudo-challengers. Mais ce n'est pas mon esprit, ni celui de ma discipline. Il faut aller au plus fort et assumer ensuite. S'ils gagnent, c'est qu'ils ont été meilleurs. Avec dignité."
Son prochain pari ? "Organiser mon dernier championnat du monde en Afrique. Ça serait génial. Mais c'est très compliqué, les obstacles sont nombreux", souligne l'intéressé. Pas grave. Plus la tâche s'annonce difficile, plus le Guadeloupéen en tire la force pour la mettre au tapis. "Le lâche, il va avoir peur, donc il va reculer. Le héros aussi, il a peur. Mais il va faire le pas en avant. C'est ce qui fait la différence. Avant de monter sur le ring, je me dis systématiquement : Mais qu'est-ce que je fais là ?" rappelle à l'envi le boxeur. Un état d'esprit irréprochable qui n'est pourtant pas de l'ordre de l'inné, pour celui qui a mis les gants pour la première fois il y a 26 ans. 
"Un jour, je suis tombé sur un combat de boxe que mon père regardait où Marvin Hagler (champion du monde mythique des années 1980, NDLR) s'illustrait. Ça a été le coup de foudre. Sa prestance, son charisme, son élégance sur le ring m'ont conquis. J'ai voulu devenir Hagler !" se souvient Jean-Marc Mormeck. Pourtant, à l'époque, il a déjà une quinzaine d'années et pratique le foot comme un forcené. À cet âge-là, le coeur peut encore se permettre quelques retournements de veste et l'ado de Bobigny délaisse les crampons pour les gants de boxe. Là, débute alors un long apprentissage.

Banlieusard 

"La boxe m'a appris l'humilité, la discipline, le travail et le courage. Les premiers entraînements, je croyais que tout allait être facile, j'arrivais en retard et je pensais que j'allais étaler tout le monde. Je ne voyais que le côté bagarre. Mais je me suis fait battre par plus petit et ai voulu abandonner. Là, on m'a expliqué qu'il fallait travailler, s'entraîner encore et encore pour réussir. À ce moment, je suis devenu un combattant", rajoute le boxeur de Seine-Saint-Denis. 
Celui qui a commencé dans une petite salle de Drancy a toujours gardé un attachement particulier à la banlieue : "C'est mon histoire. Il y a une âme ici. Celle de ceux qui veulent s'en sortir. Et si je veux gagner un dernier championnat du monde, j'ai besoin de l'énergie que les jeunes avec qui je m'entraîne m'envoient. Et moi, en échange, je leur donne mon expérience et surtout de l'espoir. Quand j'étais jeune, j'aurais voulu qu'un champion vienne me voir et me dise : Tu peux être champion ! Je suis là pour leur dire qu'il faut se battre et travailler pour réussir. Mais que c'est possible." Jean-Marc Mormeck s'est toujours entraîné en Seine-Saint-Denis. Drancy, Livry-Gargan, Pantin, Noisy-le-Grand, Aulnay-sous-Bois, il les connaît toutes ou presque. Une salle porte d'ailleurs son nom, à Torcy (Seine-et-Marne) : le Ring olympique Jean-Marc Mormeck.
Le boxeur, qui ne perd jamais une occasion de retourner en Guadeloupe pour se ressourcer, marche au coup de coeur et aux valeurs. C'est ce qui a d'ailleurs motivé son engagement auprès de la marque de bijoux et d'horlogerie Mauboussin, dont il est devenu l'égérie il y a plusieurs semaines. Un parallèle entre le "petit mec de banlieue qui se cherchait et a démarré d'en bas" et une marque qui tente de rallier le gotha horloger qui a plu à l'ancien champion du monde WBA-WBC des lourds-légers. En attendant que les derniers détails de son prochain combat se règlent et que le natif de Pointe-à-Pitre entame une carrière de promoteur que tout un chacun espère aussi accomplie que son passage sur les rings du monde entier. Autrement, qu'on se le dise, la boxe en France ne tiendra pas un round.
REGARDEZ Jean-Marc Mormeck se confier au Point.fr, lien pour voir la vidéo:
http://bcove.me/eftp9g26 VIDEO MORMECK


Note du responsable du site: 

Si l’article du Point.fr retrace avec intérêt la carrière de MORMECK et remet ce boxeur de talent parfois un peu oublié par les médias en lumière, le fait de dire qu’après lui la boxe en France est morte ou quasi est tout à fait inexact et c’est oublier ‘entre autres’ les champions ou challengers actuels que sont : JACOB, DUHAUPASS , REBRASSE, ANOUCHE, El MOUSAMOI, FADLI, KASMI, FRENOIS, Alli HALAB, GUERFI, SETOUL, TAKOUCH ,Jeremy PARODI chez les pros sans compter d’excellentes élites olympiques chez les amateurs.



Daouda SOW et Khedafi DJELKHIR tous deux médaillés d' argent aux JO de Pékin 

Jean Benoit

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