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lundi 18 janvier 2010

Boxe - Le dernier combat de Tiozzo

France Soir, le samedi 16 janvier 2010 à 04:00

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A 46 ans, Christophe Tiozzo a décidé de remonter sur les rings. Il nous confie ses envies et sa volonté de réussir ce défi.

L’idée a germé à l’issue d’une simple blague entre deux copains. Au téléphone, le boxeur Momo Dridi demande sur le ton de la plaisanterie à son ami d’enfance Christophe Tiozzo s’il serait tenté par un retour sur les rings. « J’ai dit oui tout de suite. C’était bien de montrer l’exemple aux jeunes et surtout à ceux qui m’ont rejoint dans mes académies », se souvient l’ancien champion du monde des super-moyens WBA en 1990.

Treize ans après son dernier combat, le frère de Franck et Fabrice, eux aussi champions de boxe, s’est lancé ce défi peu commun dans l’Hexagone. Pour le moment, il se heurte au refus de la Fédération française de boxe de lui accorder une licence, sésame indispensable pour combattre.

« Je ne veux pas être ridicule »

Il n’est pas le seul quadragénaire à vouloir croiser les gants au niveau professionnel. A 47 ans, l’Américain Evander Holyfield affrontera le mois prochain le Sud-Africain Franz Botha. En France, Jean-Maurice Chanet (55 ans) a organisé récemment un jubilé. La Fédération française n’a pas bronché.

« Je ne reboxe pas pour faire carrière. Je n’ai rien à dire à mes détracteurs. Tous ces on-dit me stimulent davantage. Je veux juste prouver qu’avec du courage et de la volonté on peut y arriver », rétorque Tiozzo, qui s’est repris en main depuis plus d’un an pour perdre du poids.

Dans l’idéal, il aimerait combattre plusieurs fois. Il ne pense pas à l’échec, mais il ne veut pas passer pour un vieux fou : « Attention, je ne veux pas être ridicule sur le ring. Je ne ferai pas de conneries et, si mes entraîneurs jugent que je suis à la limite, on arrêtera les frais. » « Il n’a pas annoncé qu’il voulait être champion du monde. Il est là pour se faire plaisir. Ce n’est pas le renouveau de Tiozzo », reconnaît son ami Momo Dridi, ex-champion du monde de kick-boxing.

Il est passé de 120 à 96 kg aujourd’hui. Il lui reste six kilogrammes à perdre pour être accepté chez les lourds-légers (90,719 kg), catégorie dans laquelle il combattra. Le médaillé de bronze des Jeux olympiques de Los Angeles en 1984 se dépense sans compter aux entraînements. Fini les nuits de folie de la belle époque quand il se permettait de commencer l’entraînement en milieu de journée.

Levé aux aurores, il entame son footing après avoir amené sa petite fille de 10 ans à l’école : « Ce fut pénible au début. Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. J’avais déjà repris la musculation et les footings. J’y suis allé progressivement. »

En accord avec ses deux entraîneurs, Karim Harzouz, du club de Feyzin, et Joseph Germain, de Noisy-le-Grand, il s’est testé face au champion de France des lourds-légers, Rachid el-Hadak. Le souffle était un peu court, mais les réflexes et les coups d’œil de l’ancien champion restent intacts. La boxe a-t-elle évolué pendant toutes ces années d’absence ? « Cela n’a plus rien à voir. Aujourd’hui, les boxeurs misent plus sur leur physique que sur leur technique. Ils sont rares, les champions d’exception comme l’Américain Oscar De La Hoya qui pouvaient compter sur les deux. Il faut dire qu’on a diminué le temps des combats (NDLR : de 15 à 12 rounds), donc le rythme est plus élevé. »

Dénicheur de futurs champions

Ce retour sur les rings est aussi l’occasion de promouvoir les académies Christophe Tiozzo qui ont vu le jour à Villiers-le-Bel et à Toulouse. Choqué par les émeutes qui ont éclaté en 2007 dans la ville de la banlieue parisienne après la mort de deux jeunes adolescents, le natif de Saint-Denis veut canaliser ces jeunes en perdition en les dirigeant vers la boxe.

Son projet est rejeté par le ministère de la Ville mais, avec l’aide d’un banquier d’affaires et de partenaires privés comme Veolia ou Casino, il réunit les fonds nécessaires pour ouvrir sa première académie, à Villiers-le-Bel en 2008. Soixante jeunes s’y entraînent, encadrés par deux entraîneurs. Ils ont surtout l’occasion de pouvoir s’insérer professionnellement.

D’autres projets (Massy, Fumay dans les Ardennes, Marseille ou encore Lyon) sont en train d’aboutir. Tiozzo s’occupe de tout l’aspect sportif de la vie de ces jeunes qui l’ont poussé dans un sens à remettre les gants : « Je leur disais tout le temps “Il faut en vouloir”.

Quand vous voyez un mec de 120 kg qui vous annonce ça, ils pouvaient se demander de quoi il parle. Le respect a toujours été là, mais en maigrissant je leur ai prouvé qu’avec des efforts on parvenait à atteindre ses buts. » Trois jeunes académiciens l’accompagneront lors de son prochain combat.

L’idée est de dénicher un futur champion dans une discipline qui est loin d’être au top en France : « On est dans le creux de la vague. Les jeunes n’ont plus envie de s’y mettre. Surtout quand on voit des champions qui brillent aux Jeux olympiques et ne passent pas pros. » Ils pourraient s’inspirer de Christophe Tiozzo dont le credo est simple : « Avec l’envie, tout est plus facile. »

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