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jeudi 21 janvier 2010

Boxe : Michel Acariès tient sa garde haute

Michel Acariès chez lui, dans le 16e arrondissement de Paris.
Pierre Nigay
Michel Acariès chez lui, dans le 16e arrondissement de Paris.

Alors fils, qu'est ce que tu veux savoir ?" Le charismatique Michel Acariès sait mettre à l'aise lorsqu'il reçoit chez lui, dans son appartement privé du 16earrondissement parisien. Café à la main, on s'installe dans les fauteuils en cuir de son bureau. Fax qui crépite en permanence, trophées déposés sur la cheminée, photos-souvenirs encadrées... Bienvenue dans l'antre du "big boss", où tous ses poulains, de Monshipour à Mormeck en passant par Asloum et Tiozzo, sont venus en leur temps signer leur contrat.Dès la première question sur l'état général de la boxe professionnelle, l'homme fort de ce sport en France, poids lourd de l'organisation mondiale, fait entendre sa grosse voix. "Le vrai problème est qu'en France, on a perdu tous nos champions du monde en l'espace de deux ans. Mais du temps où il y en avait sept, que j'ai faits, que j'ai fabriqués, personne ne me félicitait. Les Acariès étaient des sorciers, des grands manitous et on nous reprochait notre monopole", s'insurge le promoteur. Ce qui pourrait passer pour de la prétention chez Michel Acariès – "je suis intouchable" – sonne plutôt comme l'assurance d'un homme convaincu de sa force, qu'il a assise sur une légitimité construite depuis plus de trois décennies.

LE PORTAIT DE BRAHIM ASLOUM

Arrivé en France au début des années 1960 en provenance d'Algérie, il a rapidement décidé de se consacrer à la carrière de son boxeur de frère, son cadet, Louis. Grâce à ses réseaux tissés aux quatre coins du monde, il commence à se faire un nom au début des années 1980 dans le domaine de l'organisation de combats. Mais le coup d'accélération se produit avec la naissance de la chaîne Canal+. Charles Biétry, un des dirigeants du nouveau diffuseur, pense immédiatement à son ami pour développer la boxe sur son antenne. Le début d'une histoire d'amour, racontée avec fougue par Michel Acariès :

Le business Acariès est alors lancé à pleine vitesse : des dizaines de boxeurs défilent sous ses yeux et ses ordres, des dizaines de championnats du monde organisés, des dizaines de millions d'euros amassés. En jetant un coup d'œil furtif vers le portait de Brahim Asloum qui trône au-dessus du petit canapé où il est assis, Michel Acariès avoue que le champion olympique de Sydney est le meilleur qu'il ait jamais eu, ce "petit aux cheveux oxydés en larmes après son titre olympique". Asloum justement. Celui qui symbolise le mieux l'incompréhension, voire la lente rupture entre le clan Acariès et Canal+. Le boxeur berjallien est actuellement en procès contre la chaîne, après avoir refusé, en accord avec Louis Acariès, les sommes proposées pour défendre sa ceinture mondiale, jugées insuffisantes.

Depuis le changement de direction à Canal Plus et le manque de résultats sportifs (et donc d'audience...), la cote de popularité de Michel Acariès au sein de la chaîne cryptée ne cesse de chuter. Le promoteur a bien tenté de se relancer, en créant en 2007 le Grand Tournoi au Cirque d'Hiver, pour reconstituer un vivier de champions dans plusieurs catégories. Mais l'époque des contrats juteux semble révolue. Michel Acariès ne possède plus de contrat d'exclusivité avec son partenaire historique, qui souhaite travailler au coup par coup.

"CE SPORT NE LUI APPARTIENT PAS"

Si le parcours de l'homme force le respect, Michel Acariès n'échappe pas aux critiques. Humbert Furgoni, le président de la Fédération française de Boxe, pense que "sa grosse erreur est de ne pas réinvestir dans l'outil de travail. Contrairement au promoteur Peter Kohl, en Allemagne, qui a créé un centre d'entraînement". Michel Acariès connaît également quelques tensions avec ses ex-boxeurs, comme Jean-Marc Mormeck. A l'origine du conflit, la récente biographie du poids lourd (A poings nommés, Calmann-Lévy), qui écrit que Louis Acariès, son ancien manager, lui conseillait de prendre de mystérieuses "gélules vertes". "Je n'ai aucun problème dans le fait d'être brouillé avec Michel. Que pourrait-il me faire ? Ce sport ne lui appartient pas" assène Mormeck.

Délaissé par Canal Plus, parfois ébranlé ces derniers temps, Michel Acariès se sent-il mal aimé ? "Pas du tout" assure l'homme de 61 ans, devenu un brin philosophe. "Il n'y a rien qui m'ennuie et je ne suis jaloux de personne. Je suis immunisé, cela fait trente ans que je vois des météorites traverser l'espace. Pour moi, ces gens sont des étoiles filantes." Lui a bien les pieds sur terre, et promet déjà l'organisation d'une réunion dès le mois de février en compagnie de son fils Sébastien, amené à assurer la relève familiale.

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