Vendredi prochain, Romain Jacob, dans le cadre du championnat du monde espoirs IBF, affrontera, à Calypso, le Mexicain Martin Cordona. Afin de se préparer au mieux, le Calaisien, depuis plusieurs jours et jusqu’à mercredi, croise les gants à l’entraînement avec Karim Chakim. Le Lillois, champion d’exception, prédit une grande carrière au fils de Thierry.
Karim Chakim est bien placé pour savoir de quoi est capable Romain Jacob. En novembre dernier, le Lillois, six fois champion de France des super-plume, champion d’Europe EBU et champion intercontinentale par le passé, était venu à Calais pour tenter de reprendre le titre national au digne fils de Thierry. Quête restée vaine au terme d’un combat de toute beauté. Un combat durant lequel le Calaisien, vainqueur aux points, avait pour le moins épaté un Nordiste pourtant donné favori par beaucoup : « À telle enseigne qu’aujourd’hui je suis fier de ma défaite. De ces défaites qui sont belles car enregistrées face à de grands boxeurs. De ces défaites qui ne font pas mal car on a le sentiment d’avoir tout donné. J’étais venu à Calais convaincu que Romain, même fort de sa jeunesse, allait craquer sous mes assauts. J’ai été impressionné par son répondant. Je voulais le déstabiliser et c’est lui qui m’a mis le doute. Je me suis même dis, à un moment, que je n’étais pas aussi bon que ça… Il m’a vraiment impressionné ! »
Karim, lorsque le clan Jacob lui a demandé d’être sparring-partner, n’a pas hésité une seconde : « Romain, c’était un garçon que je respectais déjà énormément avant de boxer contre lui. Tout comme sa famille. Le courant passe très bien entre moi et la famille Jacob. Ce sont des gens très bien. » Le Lillois, dès lors, est heureux de rendre service au Calaisien : « Nous nous rendons service réciproquement. Il me fait bénéficier de sa technique et son coup d’œil. Lui de mon physique et mon expérience. »
Car à 37 ans, le grand champion, qu’il restera quoi qu’il en soit, n’a pas dit encore son dernier mot : « Je sais que le temps m’est compté. Je ressens la fatigue. Avant, après un combat, je pouvais sortir. Plus maintenant. Depuis trois ans, les séances de kiné se multiplient. Les petites blessures se font persistantes. Alors, je me suis fixé, avant ma retraite que je prendrais très probablement en décembre 2014, un dernier titre comme objectif. Si je ne désespère pas d’avoir une nouvelle chance européenne, j’aimerais terminer sur un septième titre national. Pourquoi pas une revanche contre Romain, le cas échéant ? »
Après, Karim se retirera donc : « Pour ne pas faire le combat de trop ! » Laisser ainsi une belle image de lui dans un sport qui lui aura tant donné : « Surtout sur le plan des rencontres humaines. Financièrement, on ne s’enrichit pas. Humainement, beaucoup ! Jeune, j’avais une mauvaise image de moi. Le noble art m’a permis de positiver… »
Karim, de ce fait, lorsqu’il aura raccroché, s’efforcera de passer le relais : « Comme Gérard Merville, qui m’a initié à la boxe, je voudrais entraîner surtout pour inculquer les valeurs de ma discipline. La boxe est une formidable école du respect. J’espère garder mon emploi à Wasquehal, je suis actuellement intérimaire au service des sports, et si c’est le cas je m’attacherai à devenir entraîneur. Je serai alors heureux de donner à mon tour toutes les belles leçons de vie que j’ai reçues… » Dans une ville de Wasquehal où Karim se sent bien : « La mairie m’a tout de suite libéré lorsque les Jacob m’ont invité à venir aider Romain. Je trouve ça particulièrement généreux. »
Vendredi, le Nordiste sera bien évidemment là pour assister au duel entre le Français et le Mexicain : « J’ai dit à Thierry, son père, que si le fiston continuait comme ça, il irait très loin en raison de sa classe et de son courage. Pour peu, bien sûr, qu’il garde son sérieux et ses vertus morales. Je ne m’inquiète pas pour lui. C’est un Jacob ! » Karim, de son côté, appartient déjà à la race des seigneurs…
La voix du Nord
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