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jeudi 28 novembre 2013

ARTURO GATTI : LE GUERRIER ET SES PARADOXES

Une légende du ring! Très certainement. Plusieurs considèrent qu’Arturo Gatti a été le boxeur le plus spectaculaire de son époque. Mais on dira également qu’il n’appartenait pas, pour autant, aux «meilleurs». Pourtant, Gatti était beaucoup plus qu’un bagarreur. Peut-être bien que cette facette de lui-même a porté ombrage à ses habiletés quand même exceptionnelles.

Mais comment se fait-il qu’Arturo Gatti soit devenu ce guerrier? Il ne l’était pas dans les rangs amateurs. Pour certains, il serait devenu un boxeur encore plus «grand» s’il avait plutôt misé sur ses qualités de styliste. Pour d’autres, il n’aurait jamais été aussi populaire et adulé en étant autre chose que cet indomptable guerrier. Mais Arturo Gatti a-t-il voulu être ainsi?
Le philosophe Gaston Bachelard a écrit : «Le paradoxe de la condition humaine, c’est qu’on ne peut devenir soi-même que sous l’influence des autres». Cet extrait trouve une certaine résonance chez moi, en tant qu’entraîneur de boxe. La question se pose à savoir quel est le type d’influence que nous (entraîneurs) exerçons sur les boxeurs. Quel est la part des fans? Et finalement qu’en est-il de la personnalité du boxeur?
Dans une biographie d’Arturo Gatti, intitulé : Le dernier round, l’auteur JACQUES POTHIER met en lumière la complexité de cet homme au prise avec de multiples contradictions. Aux nombre de celles-ci, l’auteur identifie chez Gatti cette attitude paradoxale au niveau de l’image qu’il aurait voulu projeter en tant que boxeur : styliste et/ou guerrier.
À la page 9 de son volume, Pothier nous révèle à ce sujet la pensée d’Arturo Gatti : «…j’étais vraiment tout un boxeur, l’un des meilleurs en fait, et je sais que je le serais resté longtemps si j’avais continué de travailler avec Panama (l’entraîneur Panama Lewis). Avec lui, dans le gymnase, il était strictement défendu de me faire frapper, il était toujours à me répéter de bouger la tête, de rester sur le bout des orteils, de lever les mains. Puis c’était pareil à l’extérieur du ring, lui ne rigolait pas avec la discipline, tu pouvais boire ou te geler si tu voulais mais tu ne te battais pas c’est sûr, en fait tu n’avais même pas le droit de t’entraîner.»
Et à la page 42, Pothier écrit : «Ce titre de guerrier, c’était bien beau, il en était bien fier, mais il commençait sérieusement à lui taper sur le système. C’en était maintenant rendu que plus personne, même dans son entourage, ne se souvenait comment bon boxeur il avait déjà été, c’est pour ça qu’avec Lynch (Pat Lynch, c’était son manager) il était heureux de tomber parfois sur un ex-coéquipier du temps des amateurs, pour lui c’était comme mettre la main sur un témoin important : allez, dis à Pat s’il te plaît comment je boxais chez les amateurs, comment j’avais du style, comment j’étais slick!»
Mais que s’est-il passé pour qu’Arturo Gatti soit devenu ce bagarreur qui ne cherchait qu’à échanger coups pour coups, alors qu’il possédait de grandes habiletés? À la page 44 de son volume, Jacques Pothier écrit à ce sujet : «…Tous les gens de l’industrie savent que si Arturo s’est transformé au fil du temps de boxeur à bagarreur, c’est avant tout parce que son indiscipline en dehors du gymnase lui a fait perdre l’usage de ses jambes.»
Mais il y a aussi un autre élément de réponse à prendre en compte : l’attraction que la foule exerçait sur Arturo. Sur ce point, Pothier mentionne à la page 26 de son volume, référant au rôle joué par l’entraîneur Buddy McGirt: «De façon générale, McGirt n’avait rien fait de génial pour relancer Arturo Gatti… ce qu’il avait surtout fait, et bien fait, c’était de lui avoir rappelé les fondamentaux de sa boxe qu’il avait déjà au temps du Club Olympique à Montréal (à l’époque où il était amateur)… mais desquels il s’était éloigné quand il était devenu accro à cette image de guerrier qui galvanisait les foules.»
Dans sa biographie, l’auteur Jacques Pothier parvient à bien cerner la personnalité d’Arturo Gatti dans toute sa complexité. L’auteur rend justice à l’homme en le montrant tel qu’il a été et sans ménager les aspects moins reluisants de sa vie. Par ailleurs, Jacques Pothier ne juge pas; c’est comme si celui-ci alignait toutes les pièces d’un puzzle sans les assembler. En agissant de la sorte, le biographe se trouve à préserver le coté authentiquement paradoxal de la personnalité d’Arturo Gatti.
Du coup, Jacques Pothier stimule notre réflexion. Il fournit une contribution qui peut nous être très utile, en tant qu’entraîneurs de boxe. Tous ces éléments décrits par Pothier et faisant partie de la réalité de Gatti peuvent très bien servir à l’élaboration d’une grille d’analyse applicable à un grand nombre de boxeurs. Il s’agit d’outils d’autant plus précieux qu’ils peuvent aider tout entraîneur, notamment lorsque celui-ci est appelé à jouer un rôle de guide auprès de l’athlète.
En ces moments où les commotions cérébrales sont pointées du doigt, l’entraîneur doit assumer une part de responsabilité à l’égard de l’orientation empruntée par le (ou les) boxeur(s) qu’il dirige. Aussi, l’entraîneur ne doit-il pas prendre la peine de clarifier cette épineuse question avec ses athlètes, notamment avec ceux qui aspirent au titre de «guerrier»? Loin de moi l’idée de vouloir exclure les guerriers. Ils ont traversé les époques. Ils continueront à marquer la boxe. Mais ils ont tout de même besoin de protection, d’un bon entourage. C’est peut-être ce qui a manqué à Arturo Gatti. Qui sait?
Pour approfondir ce sujet, n’hésitez pas à lire cette excellente biographie :
POTHIER Jacques, Arturo Gatti : Le dernier Round, Les Éditions La Presse, 486 pages.
source: Rénald Boisvert



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2 commentaires :

  1. Il adorait saigner et était certainement un champion peu porté sur la rigueur à l'entrainement. La volé qu'il a mangé par Manfreddy et Mayweather avec des éthiques de boxe plus sérieuse, que de passer la veille du combat dans un bar, témoigne selon moi qu'il faisait partie de la catégorie des boxeurs chanceux qui a pogné des jambons pour réussir à gravir aussi haut.

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  2. 'un boxeur qui a pogné des jambons'....ah elle est belle celle-là ;-))

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