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jeudi 1 août 2013

Le dernier voyage de Billy Smith, l’un des journeymans les plus respectés d’Angleterre a mis fin à ses jours.

A 35 ans, Billy Smith, l’un des journeymans les plus respectés d’Angleterre a mis fin à ses jours. Un geste désespéré, trois ans après le suicide de son frère jumeau, Ernie.





13 victoires, 145 défaites, 2 matchs nuls… Billy Smith gagnait rarement, mais ce n’était pas son rôle. Il était un de ces boxeurs anonymes qui barrent les palmarès des grands de ce sport. On les nomme communément « journeyman ». Comprenez « journey », au sens de « voyage », d’ « étape ».
En clair : Smith était un adversaire à battre, un palier à passer pour les jeunes pros désireux de monter les échelons.
C’est un destin ingrat qu’embrassent ceux qui n’ont plus de carrière à défendre. La boxe est avant tout une affaire d’apparence : un palmarès bardé d’échecs n’intéresse ni les télévisions ni le public. Chauffeur de bus, Billy Smith passe professionnel en 2000 après une trentaine de combats amateurs. Ses débuts sont catastrophiques : 13 défaites d’affilée, suivies par quatre années d’interruption. « A l’époque, je fumais, je buvais, me confiait-il il y a quelques mois. Je ne prenais pas la boxe au sérieux. J’étais jeune et stupide. »
La vie de Billy Smith est indissociable de celle de son frère jumeau, Ernie, lui aussi journeyman de son état. C’est en suivant ses pas que Billy mit un jour les pieds dans une salle de boxe. « Mon frère m’a tout appris. Il a fait de moi le combattant que je suis. Je crois qu’il aimait la boxe plus que moi. »
En 2006, la roue finit par tourner. Billy Smith aligne quatre succès consécutifs et se voit offrir un combat pour le titre des « Midlands Area », l’équivalent d’une ceinture régionale. Il gagne, en dix rounds, face à Baz Carey. « Je ne m’étais jamais entraîné aussi dur. Je ne pouvais pas y croire, j’étais un journeyman devenu un champion, ça a été un changement de vie radical. J’avais envie de réussir dans la boxe. Mais je n’avais personne pour m’appuyer. Chaque fois que j’essayais d’organiser un combat, ça foirait. J’attendais, j’attendais et j’étais fauché… Alors j’ai pris une route différente. »
Une route où la défaite devient la norme attendue. A parcourir le pays, monter, descendre au poids, quel que soit l’adversaire, l’heure ou le lieu. Conscient de ses limites, Billy Smith avait délaissé ses rêves et accepté son rôle : être toujours prêt, quoi qu’il arrive. Prêt à quitter un repas de famille, enfiler son short et ses bottes et se retrouver deux heures plus tard sur un ring. Pour quelques centaines de livres, quelques milliers si l’adversaire est un grand nom.
En dix ans de carrière, Billy Smith a partagé l’estrade avec l’élite de la boxe britannique. Des champions nationaux à la pelle, et même des champions du monde : Ricky Burns, à deux reprises, actuellement champion WBO des légers, et Gavin Rees.
« Quand je marche vers le ring, je pense toujours que je vais gagner. A la fin du premier round, je sais si je vais gagner ou juste survivre. Mon expérience m’amènera au bout. » Au gong final, Billy Smith était debout. Un journeyman est avant tout est un bon boxeur, rompu aux vices du métier, capable de serrer les dents et d’aller à la distance avec bien plus fort que lui. Parmi ces journaliers du ring, il était l’un des plus respectés.
En 145 défaites professionnelles, Billy Smith a été mis KO à seulement huit reprises. Son dernier voyage au tapis remonte à 2 ans et, de son aveu, il aurait pu se relever. Seulement… Il avait promis à sa femme de ne pas arriver à leur mariage, prévu deux jours plus tard, avec des marques.
Toute sa vie, Billy Smith a été « l’adversaire », le visiteur, écumant les galas locaux, servant les desseins d’un promoteur désireux de faire monter tel ou tel poulain. Il connaissait tout des foules hostiles et des casse-pipes de dernière minute. Et malgré tout, il avait gardé une passion intacte pour son sport. « J’aime la boxe, j’aime me tester à chaque combat, être poussé à mes propres limites »
La vie d’un journeyman n’est pas sans risques. Le destin tragique de son frère en est l’illustration. Sur la fin de sa carrière, usé par les années, Ernie Smith prend des coups. Trop. Il est régulièrement mis hors combat, problème majeur pour un journeyman qui boxe très régulièrement. En 2009, un scanner révèle des traumatismes graves et il perd sa licence de boxe. Six mois plus tard, il est retrouvé pendu à un arbre, sans que l’on sache si cela était vraiment la cause de son geste.
Billy Smith abordait le sujet sans pudeur, conscient de la singularité de son histoire.  Mais derrière cette bonhomie se cachait un vide irréparable. Un temps, il avait remis les gants pour honorer sa mémoire, héritant même du surnom fraternel : « Gipsy Boy ». Il rêvait d’aller jusqu’à 200 combats pros. Son périple s’est arrêté à 161. Le même que celui d’Ernie Smith.

Jean-Charles Barès
Source: Le ring et la plume 

1 commentaire :

  1. Je pense que si l'accumulation de défaites pèse sur le physique, il pèse aussi sur le mental.

    On ne gagne pas sa vie en étant systématiquement le perdant, on la perd finalement.

    Dommage qu'il ne soit pas devenu un excellent entraîneur de boxe dans un club grâce à son expérience tout en faisant quelques sparring de temps en temps. Mais respectons le choix de l'homme.

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